NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT
DE L'AFRIQUE (NEPAD)

Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine

Novembre 2002

Résumé analytique

1. Informations générales

Les Ministres de l'agriculture d'Afrique se sont réunis au siège de la FAO à Rome (Italie) le 9 juin 2002 sous les auspices de la Conférence régionale pour l'Afrique de la FAO. Ils ont tenu une séance de suivi extraordinaire pour examiner une version préliminaire antérieure du présent document - le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA) - qui avait été élaboré par la FAO en collaboration avec le Comité directeur du NEPAD. Un extrait du rapport de la session extraordinaire de juin est joint en annexe. La Conférence a accueilli favorablement et approuvé ce Programme, reconnaissant qu'il était nécessaire de le mettre en oeuvre rapidement; elle a fourni des orientations aux gouvernements membres sur toute une série d'aspects relatifs aux mesures nécessaires pour relancer l'agriculture africaine. Le PDDAA a été amendé pour rendre compte des observations formulées sur la version qui a été présentée aux ministres, et notamment leur volonté d'inclure la recherche comme un des « secteurs fondamentaux » de l'action à entreprendre.

Il est évident qu'un programme concernant l'agriculture doit rester dynamique et ouvert à des améliorations continuelles de même qu'aux interprétations qui lui seront données pour chaque sous-région d'Afrique, afin de répondre au mieux à la diversité du continent. Ce Programme englobe donc toute une gamme de priorités qui permettront d'établir des stratégies et des programmes plus précis en vue de leur mise en oeuvre.

L'Afrique est un continent rural où l'agriculture revêt une importance extrême. Dans l'ensemble de la région, le secteur agricole représente environ 60 pour cent de la main-d'oeuvre totale, 20 pour cent des exportations totales de marchandises et 17 pour cent du PIB. Les derniers chiffres publiés (pour 1997-99) indiquent qu'environ 200 millions de personnes - soit 28 pour cent de la population africaine - souffrent de la faim de façon chronique, contre 173 millions en 1990-92. La proportion de la population souffrant de la faim baisse légèrement, mais en chiffres absolus le nombre de personnes affamées augmente inexorablement. Durant les années 90, le nombre de personnes affamées a diminué dans dix pays seulement. À la fin des années 90, dans 30 pays, plus de 20 pour cent de la population était sous-alimentée et dans 18 d'entre eux plus de 35 pour cent de la population souffrait de la faim de manière chronique. En 2001, 28 millions d'Africains environ étaient confrontés à des crises alimentaires dues aux sécheresses, aux inondations et aux conflits, et 25 millions d'entre eux avaient besoin d'une aide alimentaire et agricole d'urgence. Tenant compte de la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouve ce continent, le Programme alimentaire mondial - qui fournit les deux cinquièmes de l'aide alimentaire internationale - a dépensé 12,5 milliards de dollars E.-U. (45 pour cent de ses investissements totaux depuis sa création) en Afrique et 50 pour cent en 2001. L'aide alimentaire est la manifestation d'une dépendance considérable vis-à-vis de l'extérieur: en 2000, l'Afrique a reçu 2,8 millions de tonnes d'aide alimentaire, soit plus du quart du volume mondial total. Parallèlement à l'augmentation du nombre de personnes sous-alimentées, il y a eu une croissance progressive des importations alimentaires au cours des dernières années du XXe siècle et l'Afrique a dépensé environ 18,7 milliards de dollars E.-U. pendant la seule année 2000. Depuis les années 60, les importations de produits agricoles progressent plus rapidement que les exportations et  l'Afrique dans son ensemble est une région importatrice nette de produits agricoles depuis 1980. Les produits agricoles représentent environ 20 pour cent des exportations totales de marchandises de l'Afrique, contre plus de 50 pour cent dans les années 60.

Les taux élevés de croissance économique visés par le NEPAD ne pourront être atteints que lorsque l'on aura fait reculer l'incidence de la faim et réduit la facture des importations en augmentant la production de denrées agricoles, secteur dans lequel la région peut disposer d'un avantage comparatif. Les personnes souffrant de la faim se trouvent marginalisées au sein de l'économie et ne contribuent guère à la production et encore moins à la demande. Les investissements réalisés pour réduire la faim sont un impératif moral, mais aussi une mesure économique rationnelle. Le développement tiré par le secteur agricole a un rôle fondamental à jouer dans la réduction de la faim et de la pauvreté (70 pour cent des pauvres étant concentrés dans les zones rurales), ainsi que dans la croissance économique, la réduction du fardeau des importations alimentaires et la création de possibilités d'expansion des exportations.

2. Domaines principaux d'intervention

Les initiatives proposées dans le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine du NEPAD, telles qu'elles sont actuellement formulées, mettent l'accent sur les investissements réalisés dans trois «secteurs fondamentaux», qui peuvent apporter très rapidement une solution à la crise agricole du continent africain, de même que dans un quatrième secteur englobant la recherche et les technologies. Ces secteurs fondamentaux qui se renforcent mutuellement et sur lesquels il faut miser pour améliorer l'agriculture, la sécurité alimentaire et la balance commerciale de l'Afrique sont les suivants:

3. Estimation des investissements

Le programme sera mis en oeuvre au niveau régional, en coopération avec les organisations et associations économiques régionales, ainsi qu'au niveau national. Le NEPAD peut renforcer l'action des pays en favorisant la convergence des programmes nationaux vers des priorités complémentaires ou communes. Les producteurs africains pourront ainsi éviter de se concurrencer involontairement sur le marché international pour, au contraire, collaborer afin de s'emparer d'une part de marché importante pour ce qui est de certains produits pour lesquels la région est compétitive.

Tableau A: Estimations des investissements globaux

Objectif

Investissements estimatifs en milliards de dollars E.-U.
(chiffres arrondis)

Immédiat (jusqu'en 2005)

Court terme (2005-2010)

Moyen terme
(2010-2015)

Total
(2002-2015)

Terres et eaux

10

20

7

37

Système d'exploitation des terres et des eaux: fonctionnement et entretien

2

12

18

32

Autres infrastructures rurales

22

35

32

89

Autres infrastructures rurales: fonctionnement et entretien

7

13

17

37

Capacités commerciales pour améliorer l'accès au marché

0,8

1,5

0,5

2,8

Dispositifs de protection sociale et secours d'urgence

12

15

15

42

Programmes nationaux pour la sécurité alimentaire

1

2

3

6

Programmes régionaux pour la sécurité alimentaire

0

1

0

1

Investissements totaux

56

100

95

251

Selon des estimations préliminaires, les investissements requis d'ici à 2015 pour ces secteurs fondamentaux seraient de l'ordre de grandeur indiqué ci-après et dans le Tableau A. Pour convertir ces montants en réalité, il faudra formuler des projets spécifiques bancables, tâche pour laquelle le NEPAD pourrait souhaiter faire appel à ses partenaires extérieurs, pendant que l'Afrique poursuit leur mise en oeuvre. Les dépenses totales pour la période 2002-2015 (y compris dépenses de fonctionnement et d'entretien) pour ces quatre secteurs fondamentaux sont de l'ordre de 251 milliards de dollars E.-U. (dont 68,2 milliards de dollars E.-U. pour les dépenses de fonctionnement et d'entretien) ventilées comme suit:

Cet objectif nécessitera des investissements annuels dans les principales activités des quatre « secteurs fondamentaux » de l'ordre de 17,9 milliards de dollars E.-U. entre 2002 et 2015, dépenses de fonctionnement et d'entretien comprises. On peut voir que le PDDAA accorde une attention aux dispositifs d'adaptation et aux problèmes liés aux crises alimentaires et agricoles.

Il importe de signaler que l'ensemble des investissements nécessaires entre 2002 et 2015, soit 17,9 milliards de dollars E.-U. par an, équivaut à un plus de 90 pour cent du coût annuel des importations de produits agricoles de l'Afrique, qui s'élève à peu près à 19 milliards de dollars E.-U. La part des investissements destinée aux dispositifs d'adaptation couvre des programmes d'alimentation scolaire visant à augmenter le taux de fréquentation, surtout chez les filles, et à distribuer des aliments nutritifs aux enfants d'âge scolaire les plus pauvres d'Afrique. Le Tableau B fait apparaître un scénario dans lequel les investissements sont répartis par principale source.

Tableau B: Estimations brutes des investissements par source

Source d'investissement

Part des investissements totaux (en milliards de dollars E.-U.)

Futur proche (2002-2005)

Court terme (2006-2010)

Moyen terme (2011-2015)

Total
(2002-2015)

Afrique

Sources nationales publiques

19,6

40,0

37,8

97,4

Secteur privé national

2,8

10,0

14,2

27,0

Total partiel

22,4

50,0

52,0

104,4

Aide extérieure

Aide à des conditions de faveur (APD)

25,2

35,0

28,3

88,5

Prêts normaux

5,6

10,0

4,7

20,3

Investissement extérieur direct (privé)

2,8

5,0

9,5

17,3

Total partiel

33,6

50,0

42,5

126,1

Erreur d'arrondi

-

-

-

0,8

Total

56,0

100,0

94,5

251,3

Montant annuel

14,0

20,1

18,9

17,9

4. Contribution de l'Afrique aux investissements

On estime qu'une part importante des fonds pourrait provenir des investissements réalisés par les bénéficiaires eux-mêmes et de la mobilisation de ressources à l'échelle nationale, mais pour un grand nombre de pays, une aide publique au développement et des fonds privés supplémentaires seront nécessaires, dans la ligne de la Conférence de Monterrey. De fait, en liaison avec la réunion de Monterrey, les trois organisations des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture dont le siège est à Rome ont publié une déclaration conjointe de responsabilité partagée2.

L'engagement de l'Afrique à assurer le financement de l'agriculture s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle prise de conscience, au niveau international, de l'importance vitale des fonds accordés à l'agriculture pour le développement durable. Au niveau mondial, les pays industrialisés, qui pourraient très bien se passer d'un secteur agricole et malgré tout prospérer, continuent à financer massivement leur agriculture. Pourtant, l'Afrique, dont 70 à 80 pour cent de sa population dépendent de l'agriculture, supprime le soutien public à ce secteur et cette politique a de graves conséquences. Les financements prévus dans ce Programme détaillé du NEPAD pour le développement de l'agriculture africaine sont donc basés sur la double hypothèse que l'Afrique elle-même augmentera ses investissements et que ses partenaires extérieurs viendront à son aide.

Tableau C: Ordre de grandeur de la contribution de l'Afrique aux investissements

 

Investissement (en milliards de dollars E.-U.)

Objectif de l'investissement

Immédiat (2002-2005)

Court terme (2006-2010)

Moyen terme
(2010-2015)

Total
(2002-2015) **

 

Total

Afrique

Total

Afrique

Total

Afrique

Total

Afrique

Investissement:

Investissement dans les terres et les eaux

10

4

20

10

7

4

37

18

Infrastructure rurale

22

9

35

17

32

18

89

44

Capacités commerciales pour faciliter l'accès au marché

1

0

1

0

1

0

3

1

Sécurité alimentaire nationale

1

0

3

1

3

2

7

3

Sécurité alimentaire régionale

0

0

0

1

0

0

1

1

Recherche et technologies

1

0

1

0

3

2

5

2

Total partiel

35

13

60

29

46

26

141

68

Fonctionnement et entretien:

Terres et eaux

2

1

12

6

18

10

32

17

Infrastructure rurale

7

3

13

6

17

9

37

18

Total partiel

9

4

25

12

35

19

69

35

Interventions humanitaires, etc.:

Protection et urgences

12

5

15

6

15

6

35

17

Erreur d'arrondi

-

-

-

-

-

-

- 1

 

Total

56

22

100

50

96

53

251

125

Total annuel

13,9

5,5

20,0

10,0

19,2

10,6

18,0

8,9

Note: Dans le présent tableau, la contribution en pourcentage de l'Afrique a été maintenue au même niveau pour tous les objectifs d'investissement. En fait, la capacité d'investissement de l'Afrique varie selon qu'il s'agit d'infrastructure lourde ou de situations d'urgence, etc. De telles considérations de détail pourront toutefois être abordées lors de la phase de planification. Le présent tableau est destiné à donner une indication de l'ordre de grandeur de l'enveloppe d'investissement sur laquelle pourrait compter l'Afrique.

** Étant donné que les chiffres sont arrondis, la somme des chiffres ne correspond pas nécessairement aux totaux exacts dans chaque colonne ou rangée.

Sur cette base, le document présente une estimation préliminaire des sommes que l'Afrique elle-même peut raisonnablement investir, le reste des ressources nécessaires étant mobilisé au niveau international. Selon les hypothèses, l'Afrique pourrait progressivement accroître sa contribution intérieure aux investissements agricoles du niveau estimatif actuel, qui est légèrement supérieur à 35 pour cent, pour atteindre 55 pour cent d'ici 2015. Dans ce cas de figure, on trouvera résumée au Tableau C la contribution de l'Afrique aux investissements dans le cadre du NEPAD. On notera que la part de l'Afrique englobe un financement public et un financement privé. Pour y parvenir, il faudra insérer délibérément les fonds alloués dans le cadre du NEPAD dans les budgets des groupements économiques nationaux et régionaux; mais il faudra surtout mettre en place des politiques qui rendent les investissements agricoles intéressants pour le secteur privé de cette région du monde et pour les capitaux internationaux.

5. Conditions propices à l'action

Une bonne partie des investissements prévus dans les principaux secteurs fondamentaux est allouée aux équipements nécessaires pour le développement - c'est-à-dire qu'elle est destinée à répondre à la crise à laquelle est confrontée l'agriculture africaine. L'Afrique doit toutefois s'attaquer aussi à un grand nombre d'autres questions, de nature plus opérationnelle, si elle veut inverser définitivement les tendances à la baisse du secteur agricole. Ces problèmes de nature opérationnelle visent essentiellement à créer des conditions propices à l'action3.

Dans le préambule, il a été souligné qu'un contexte porteur exigerait une attention à moyen et à long termes et que l'Afrique devra continuer à s'intéresser à cette question, même si actuellement l'action immédiate semble la seule nécessaire. Il a également été indiqué que l'action rapide proposée n'est possible que parce qu'il existe déjà une certaine capacité disponible, des technologies et un environnement réglementaire et institutionnel porteur constituant la base sur laquelle peut être greffée l'approche d'investissement axée sur les secteurs fondamentaux. Par conséquent, en justifiant que l'accent soit mis sur des investissements en faveur d'une action entreprise dans le cadre des secteurs fondamentaux qui se renforcent mutuellement pour aider à surmonter les terribles difficultés de l'Afrique, le préambule indique que les sciences et les techniques, la réforme des politiques et des institutions, le renforcement des capacités et les autres facteurs propices à l'action à long terme devraient être intégrés dans la mise en place de tous les secteurs fondamentaux.

Il est évident que la création des conditions propices à l'action devra s'accompagner d'un effort d'investissement, faute de quoi elle sera totalement vide de sens et n'aura pratiquement aucune chance de réussir ou d'être acceptée par l'Afrique. C'est ainsi que par manque d'investissement, les efforts entrepris pendant des dizaines d'années pour un ajustement structurel de l'économie, des politiques et des institutions africaines n'ont pratiquement donné aucun résultat tangible, à l'exception de quelques cas isolés.

ANNEXE

Examen du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine du NEPAD, à la Réunion des ministres de l'agriculture africains

Siège de la FAO, Rome, Italie

(9 juin 2002)

Historique

Les ministres de l'agriculture africains se sont réunis au siège de la FAO à Rome le 9 juin 2002 sous les auspices de la Conférence régionale pour l'Afrique de la FAO, qui a organisé cette session spéciale de suivi pour examiner le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA), élaboré par la FAO en collaboration avec le Comité directeur du NEPAD.

À la réunion de fond qu'elle a organisée au Caire (Égypte) du 4 au 8 février 2002, à l'occasion de sa vingt-deuxième session, la Conférence régionale pour l'Afrique de la FAO a examiné le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et, entre autres, elle a recommandé par sa résolution ARC/02/RES que la FAO apporte un soutien au processus du NEPAD.

La Conférence a noté que le PDDAA avait été conçu en reconnaissance du fait que l'agriculture africaine connaît une crise majeure, caractérisée par des pénuries alimentaires généralisées, une dépendance marquée vis-à-vis des importations et de l'aide alimentaire et de fréquentes catastrophes nécessitant des interventions alimentaires et agricoles d'urgence. Compte tenu de cette crise, le Programme a été axé sur les investissements dans trois secteurs fondamentaux qui se renforcent mutuellement pour permettre d'aider rapidement l'Afrique, à savoir i) étendre les superficies bénéficiant d'une gestion durable des terres et de systèmes fiables de maîtrise des eaux; ii) améliorer l'infrastructure rurale et les capacités commerciales pour faciliter l'accès aux marchés et iii) accroître les approvisionnements alimentaires et atténuer le problème de la faim en Afrique.

Le premier secteur fondamental concerne la gestion de l'eau et l'irrigation dans le but de libérer l'agriculture africaine actuellement dépendante de précipitations imprévisibles; le second concerne la mise en valeur de l'infrastructure rurale pour réduire le coût que représente la fourniture des intrants et l'extraction des produits afin de rendre l'agriculture africaine plus compétitive; le troisième secteur vise à promouvoir directement une agriculture plus productive, notamment parmi les petits agriculteurs, hommes et femmes, qui constituent la couche de population la plus pauvre. Le Programme examine également la fréquence croissante et la gravité accrue des catastrophes et des crises qui ont des effets néfastes sur l'alimentation et l'agriculture ainsi que la nécessité d'améliorer l'accès des produits africains aux marchés, tant intérieurs qu'internationaux.

Afin de lutter contre les maux qui affligent l'agriculture africaine et de parvenir à redresser rapidement ce secteur, le Programme propose des investissements d'environ 241 milliards de dollars EU d'ici 2015, qui englobent des crédits pour l'entretien et le fonctionnement (69 milliards de dollars EU) et des fonds destinés à faire face aux situations d'urgence et à assurer des dispositifs de protection sociale (35 milliards de dollars EU); on estime que l'Afrique pourrait financer environ la moitié de ce total. Ces estimations prévoient un financement immédiat (2002-2005) d'environ 56 milliards de dollars EU; un financement à court terme (2006-2010) de 97 milliards de dollars EU et un financement à moyen terme (2011-2015) de 88 milliards de dollars EU. L'investissement annuel moyen, soit 17 milliards de dollars EU, est inférieur au montant total des importations annuelles de produits agricoles de l'Afrique.

La Conférence a accueilli favorablement et approuvé le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine et elle est convenue qu'il était nécessaire de le rendre rapidement opérationnel. Elle a donné des orientations aux pays membres sur de nombreux aspects concernant les mesures à prendre pour relancer l'agriculture africaine. Son rapport, actuellement sous forme de projet à finaliser, stipule ce qui suit.

Résumé des principales considérations

En procédant par principaux domaines d'intérêt, la Conférence:


1. A souligné sa conviction qu'en tant que clef de voûte de l'économie africaine, l'agriculture doit être intégrée et associée au développement des autres secteurs et programmes dans le cadre du NEPAD. Elle a également appelé à adopter des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement.

2. A insisté pour que la mise en oeuvre des activités du NEPAD s'effectue de manière intégrée et en pleine collaboration avec chaque pays ainsi qu'avec les institutions régionales et sous-régionales existantes.

3. A reconnu la nécessité d'aborder les problèmes qui se posent aux petits États insulaires et aux pays enclavés ainsi qu'aux pays menacés par la dégradation des terres et la désertification.

4. A mis en lumière la nécessité de développer les capacités institutionnelles et humaines et la participation des petits producteurs, et plus particulièrement des femmes rurales, au processus du NEPAD.

5. A demandé que les sous-secteurs des pêches, de l'élevage et des forêts bénéficient d'une attention suffisante dans le cadre du NEPAD.

6. A appelé à un engagement politique pour faire face aux domaines de conflit potentiel et à l'élaboration de mécanismes de gestion des ressources naturelles partagées, notamment l'eau.

Recommandations

Prenant note de l'engagement de l'Afrique dans le cadre du NEPAD d'assumer la responsabilité de son propre développement, la Conférence a adressé ses recommandations principalement aux gouvernements des pays d'Afrique et à ses organisations économiques régionales. Elle a recommandé:

1. Comme prochaine mesure, d'établir un plan d'action incorporant les plans nationaux et régionaux, pour y inclure le calendrier de mise en oeuvre du Programme, ainsi que les spécifications des résultats attendus et des indicateurs de réalisation.

2. De préparer des projets destinés à être financés aux niveaux national, sous-régional et régional dans le cadre des priorités du PDDAA, en veillant à prendre en considération la diversité nationale et sous-régionale.

3. De concevoir une stratégie concertée associant les ministres de l'agriculture, des finances et de la planification à l'effort de financement du développement agricole et rural afin de promouvoir le financement des programmes du NEPAD en matière d'agriculture. À cet égard, les participants à la réunion ont noté qu'un objectif de 25 pour cent du budget national annuel avait été adopté par la Conférence pour l'Afrique à sa vingt et unième session, à Yaoundé en février 2000. Les pays ont également été invités à prendre contact avec leurs partenaires traditionnels et avec de nouveaux partenaires pour qu'ils soutiennent les efforts de l'Afrique à l'appui du PDDAA.

4. De mettre en lumière et d'incorporer la recherche agricole dans le PDDAA tout en envisageant la possibilité de créer des centres d'excellence sous-régionaux et un fonds spécial pour la recherche et le développement agricole.

5. D'inviter le Comité directeur du NEPAD, agissant à l'initiative du pays responsable de l'agriculture -actuellement l'Égypte - à établir un comité chargé du suivi de la présente réunion ministérielle afin d'assurer un contrôle au niveau des politiques, de surveiller la mise en oeuvre du PDDAA et de favoriser l'engagement de tous les pays aux futures activités du NEPAD en matière d'agriculture.

6. D'insérer les efforts de développement du NEPAD dans le cadre des stratégies de lutte contre la pauvreté et de sécurité alimentaire des pays, qui sont actuellement les cadres les mieux acceptés pour les initiatives entreprises par les pays pour lutter contre la pauvreté.

7. D'établir un plan d'action dynamique pour renforcer le rôle et la contribution du secteur privé et de la société civile à l'élaboration des programmes agricoles du NEPAD et notamment des activités agricoles en amont et en aval.

En outre, la Conférence:

8. A appelé l'attention sur la volonté et l'engagement fermes de l'Afrique à affecter des ressources nationales accrues au développement agricole et rural et a exhorté la communauté internationale à aider les pays d'Afrique à élaborer des projets et des programmes qui permettront de concrétiser la conception d'une agriculture prospère du continent, afin de réduire la faim et la pauvreté.

9. A appelé la FAO à maintenir sa collaboration avec le Secrétariat du NEPAD dans l'esprit de la résolution de la Conférence régionale du Caire (ARC/02/RES) pendant que le processus du NEPAD avance vers la concrétisation des programmes d'action.


1 FIDA, 1998: Jonction entre le redressement au sortir d'une crise et le développement à long terme: cadre directeur du FIDA. Fonds international pour le développement agricole, Rome. Conseil d'administration, soixante-quatrième session, document EB 98/64/R.8. Adresse électronique: http://www.ifad.org/

2 FAO/FIDA/PAM (2002): Réduction de la pauvreté: le rôle déterminant du financement de l'alimentation, de l'agriculture et du développement rural. Document préparé pour la Conférence internationale sur le financement du développement, Monterrey (Mexique), 18 - 22 mars 2002. Le rapport (version révisée, mai 2002) stipule notamment ce qui suit: "C'est tout d'abord aux individus, puis à leur famille, aux communautés et aux gouvernements de s'efforcer de briser le cercle de la faim et de la pauvreté ... La part des dépenses publiques aujourd'hui dévolue par les pays en développement au développement agricole et rural et à la sécurité alimentaire est encore loin d'être suffisante, notamment dans les pays les plus touchés par les pénuries alimentaires. Il est donc nécessaire de redéfinir les priorités en matière de finances publiques. En ce qui concerne les coûts liés aux investissements nécessaires n'ayant pu être assumés par les pays concernés, la communauté internationale a un rôle important à jouer, notamment dans les pays en développement, à l'appui des initiatives nationales, et ce au moins sous forme d'aide aux gouvernements".

3 Dans son programme d'action pour l'Afrique, le Sommet du G8 de Kannanskis (25-27 juin 2002) a également centré son attention sur la création d'un environnement propice. Le soutien des principaux partenaires extérieurs potentiels de l'Afrique viendra ainsi compléter l'action immédiate qui est au centre de la politique du PDDAA. Ces deux approches peuvent créer une synergie et il faut espérer qu'aucune des parties ne cherchera à en adopter une au détriment de l'autre, mais qu'au contraire ces deux actions se renforceront mutuellement.